Energie - L’Espagne veut rester connectée au Maroc

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L’avenir du gazoduc Maghreb-Europe après 2021 sera également abordé lors de la future rencontre ministérielle. Couvrant 540 km, cette plateforme permet le transit de 12,5 milliards de m3/an de gaz naturel, soit 60% des besoins espagnols (Ph. L’Economiste)
  • Une nouvelle convention-cadre paraphée lors d’une réunion ministérielle fin octobre
  • Gas to Power, interconnexion électrique, l’après 2021 pour le GME… les axes prioritaires
  • Madrid suggère la création d’une alliance énergétique entre les deux pays
Le Maroc profite pleinement de sa position en tant que porte d’entrée vers l’Afrique. En atteste la valse de ministres de l’Energie que leur homologue Aziz Rabbah a rencontrés durant ces derniers mois. Chine, Japon, Canada, Russie, Portugal… plusieurs pays ont manifesté leur intérêt pour conclure de nouveaux partenariats ou renforcer ceux existants avec le Maroc dans le domaine de l’énergie

L’Espagne n’est pas en reste. Elle veut donner un nouvel élan à la coopération bilatérale. C’est ainsi que Aziz Rabbah a reçu, mardi dernier, Maria Lucia Poncela Garcia, ministre déléguée espagnole chargée du Commerce, de l’Industrie et de la Compétitivité, dans le cadre d’une visite officielle qu’elle effectue au Maroc. Cette rencontre a porté sur les réalisations, les ambitions communes ainsi que sur la dimension régionale incluant l’Europe et l’Afrique.

Le message était clair: consolider les acquis et explorer de nouvelles pistes de partenariat. «Le Maroc représente un modèle pour la Méditerranée. Les interconnexions énergétiques entre le Royaume et l’Espagne constituent un trait d’union entre nos deux continents. Dans ce sens, nos deux pays devraient unifier leur démarche pour matérialiser l’intégration régionale», tient à préciser Rabbah.

Pour accélérer le processus, une nouvelle convention-cadre sera paraphée, à Madrid fin octobre, pour une coopération win-win entre les deux pays, indique la tutelle. Concrètement, ce futur partenariat consolidé englobe le renforcement des interconnexions, l’avenir des infrastructures gazières après 2021 (date d’expiration de l’accord sur le gazoduc Maghreb-Europe) ainsi que le renforcement du mix énergétique avec les énergies renouvelables.

S’y ajoutent la promotion des investissements dans ce secteur, le développement des ressources humaines avec des joint-ventures dans le domaine de la formation avec le continent africain, la recherche et l’innovation via le développement de laboratoires et de plateformes dédiées. «Le Maroc est un grand partenaire énergétique actuel, et surtout futur. L’Espagne veut prendre part et contribuer à la vision africaine du Maroc dans ce domaine qui ouvre de nouvelles opportunités pour l’Espagne et l’Europe. Notre pays accorde également une attention particulière au projet Gas to Power, via la participation éventuelle dans certaines activités y afférentes», affirme la ministre espagnole. 

En parallèle, un accord pour le transfert de technologies dans le domaine de la R&D en matière d’énergies renouvelables est déjà finalisé. Il devrait être signé dans les plus proches délais. Dans le but d’impliquer les investisseurs étrangers, le ministre de l’Energie et des Mines a invité les hommes d’affaires espagnols à visiter le Maroc pour s’enquérir des actions menées dans les différents clusters et plateformes de recherche et développement dédiées aux énergies renouvelables et nouvelles énergies. De son côté, Maria Lucia Poncela Garcia a suggéré la mise en place d’une alliance énergétique maroco-espagnole qui regrouperait l’ensemble des acteurs du secteur des deux pays.

Le volet de l’interconnexion électrique a également été évoqué. Le partenariat sera, d’ailleurs, consolidé avec une troisième interconnexion électrique, en cours d’étude. Ali Fassi Fihri, directeur général de l’Office de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), a rappelé les succès techniques des deux premières interconnexions. L’ONEE opère dans le marché spot de l’Espagne où il dispose du statut d’agent du marché espagnol.

C’est dire que tous les ingrédients sont réunis pour faire aboutir ce futur partenariat. Maintenant que l’engagement de l’Espagne est fort, il devrait connaître un meilleur sort qu’un projet d’accord de coopération proposé en 2015 par la partie marocaine qui n’a pas été retenu. Ce dossier relancé en avril 2017, dont les projets phares sont la réalisation de la 3e interconnexion électrique et l’avenir du gazoduc Maghreb-Europe, a toutes les chances de son côté.

Investisseurs espagnols

Plusieurs groupes ibériques développent leur business au Maroc. Il s’agit du groupe Sener (Espagne) membre du groupement composé d’Acwa Power (chef de file) adjudicataire des projets Ouarzazate Noor II et Noor III. D’autres partenaires espagnols ont participé à la réalisation des projets de l’ONEE, notamment Gamesa-Eolica pour le parc éolien d’Essaouira (60 MW) et le parc éolien de Tanger (140 MW) et Abengoa pour la centrale thermo-solaire d’Aïn Béni Mathar (472 MW). Repsol, quant à lui, a signé en mars 2014 avec l’Onhym un accord pétrolier d’exploration sur la zone «Gharb Offshore Sud». Des études d’évaluation et des retraitements sismiques sont en cours dans ces permis.

Par Nadia Dref - Source de l'article l’Économiste

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